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MESSAGE N°16, le : 10/01/2006

Calcutta - (In the) Phuket !

Salut tout le monde !

 

Ça fait longtemps que vous n’avez point reçu de nouvelles du gars Yoyo et de son bô vélo, n’est-il pas ? Il faut dire que ça fait à peu près aussi longtemps que je ne vous en ai pas donné. La dernière fois, j’étais encore en Inde… Que ça me semble loin ! Pourtant, c’était il y a seulement un peu plus d’un mois. Je venais de trouver un billet pas cher pour Singapour et je partais le lendemain. Me voici donc ce fameux lendemain.

 

Je prépare mes affaires tranquillement et passe le début de l’après-midi à gratter avec la colonie française du coin, plus Yuriko (une japonaise fort sympathique rencontrée à Lahore et que j’ai retrouvée ici), plus quelques touristes de passage. Ça met une bonne ambiance dans l’auberge et ça me fait presque regretter de partir si vite de Calcutta. Enfin, j’en ai assez soupé de l’Inde pour m’attarder plus longtemps ici…

Ah oui ! Je ne sais pas si ça s’est ressenti dans mes derniers mails, mais vraiment, alors là vraiment, je ne suis pas un grand fan de l’Inde (et ça, c’est un euphémisme majeur… !). D’abord, il y a le système des castes qui n’est rien moins qu’un frein à l’évolution humaine dans la société, et donc, le système politique le plus infecte qu’il m’ait été donné de voir (enfin, en même temps, ça m’a fait un voyage temporel… J’ai vu un peu ce que donnait une société moyenâgeuse… Figée dans le passé et les traditions, avec la religion et le travail pour seuls repères… Quelle tristesse !). Ensuite, il y a mes relations avec la population qui se résument à des sourires ou des grands signes de la main pour répondre à leurs interpellations depuis le bord de la route (ou à mon ignorance totale quand ça fait le deux centième de la journée…). Bon, ils ne parlent pas anglais ou français ou quoi que ce soit que je connaisse… Et moi je ne parle ni l’Hindi ni aucune des 17 langues officielles du pays… Alors… Enfin, il y a les engueulades et autres types de grands signes de la main, du majeur et du poing pour répondre aux agressions multiples et quotidiennes de la part de tous les autres véhicules sensés m’être supérieurs… Oui, je ne sais plus si je vous en ai parlé mais il n’y a pas de code de la route en Inde… Oui… je crois que je vous en ai touché deux mots… Bref… Je suis tous les jours victime de ces fous du volants qui manquent de m’écrabouiller juste parce qu’un vélo ça jarte de devant un camion… Point !

 

Bref, tout ça pour dire que ça ne me met pas dans de favorables dispositions pour entrevoir et apprécier tous les merveilleux côtés de ce fabuleux pays, tels que : les enfants qui travaillent dès 4 ou 5 ans, des gens estropiés un peu partout, obligés de mendier parce que personne ne s’occupe d’eux (avec des hiérarchies entre eux), des conditions d’hygiène qui dégoûteraient Shrek, la chiasse après n’importe quel jus de fruit ou repas, les plats tellement épicés qu’on ne sait même pas ce qu’on mange vraiment (alors que le garçon vous a assuré que ce ne serait pas épicé… Avec un grand sourire que j’ai fini par décrypter : « Cause toujours ! »), les femmes considérées comme… Euh… non… Pas considérées du tout d’ailleurs… Les mariages arrangés, certaines femmes encore plus ou moins forcées de se jeter sur le bûcher funéraire de leur mari (qu’elles ont dû épouser de force, cf. deux virgules plus haut…) dans les coins les plus reculés (autant géographiquement que socialement…), les touristes que l’on harcèle gaiement dans les lieux touristiques (je vous assure que je n’exagère pas, et que je ne me sens généralement pas trop solidaires des “touristes” lorsqu’il s’agit du comportement des occidentaux en vacances…), et je terminerai avec une surpopulation galopante qui rend le pays vraiment oppressant et inquiétant…

 

Bref, s’il l’on peut avoir envie de visiter l’Inde, je pense qu’il faut avoir à l’esprit que ce ne sont pas des “vacances” mais bien une expérience et une lutte quotidienne… Pour terminer sur ce chapitre, je dois vous avouer que je ne comprends toujours pas l’admiration béate de certains occidentaux devant la catastrophe qu’est ce pays… Bien sûr, on va me dire que je suis fermé, ethnocentriste et tout et tout, mais, pour moi, il y a des valeurs humaines de progrès, de droits de l’Homme qui sont, comme ils l’ont dit il y plus de 200 ans en France : UNIVERSELLES… Et que ce soit en Inde, au Japon, en Bolivie ou en France ça ne fait pas de différence… Bien sûr, ce n’est pas si simple et l’on ne fait pas accéder une population de 1 milliard d’habitants à une vie décente du jour au lendemain en claquant des doigts… Ceci dit, si on n’essaye pas un minimum, ça ne risque pas d’arriver… Et ces occidentaux (qui n’en peuvent plus du stress de nos sociétés), de ne voir que le côté spiritualité et oublier tout le reste qu’ils rejetteraient en bloc s’il s’agissait de leur propre pays ou de leur entourage…

 

Comme vous le comprenez maintenant, je suis très content d’avoir quitté l’Inde. Bon… Je sais que je n’ai vu qu’une partie du pays, que je ne suis pas allé dans le nord où la mentalité est différente et l’accueil des étrangers plus relax. Je ne suis pas allé dans le sud non plus où, dit-on, c’est aussi beaucoup plus tranquille et où l’ambiance est différente… En gros, il semblerait que je n’ai pas eu de chance… Ma foi, je ne vais pas me plaindre non plus… J’ai tout de même vu des choses magnifiques, d’extraordinaires palais, de jolis paysages, etc. En plus Sabine et Fabien sont venus me voir et ont tout de même rendu la pilule de l’Inde moins amère. Et puis, il y a eu les chicas (les argentines !) avec qui ce fut bien cool tout de même. Et puis, il faut positiver : je suis encore en vie après avoir traversé l’Inde d’Ouest en Est à bicyclette… Et ça, je peux vous dire que c’est pas banal et que j’en suis pas peu fier !

Tiens, en parlant des argentines, qui vois-je arriver alors que je m’apprête à me rendre à l’aéroport pour prendre mon avion pour Singapour : Brenda et Agostina ! Comment avez-vous deviné? Elles ont fait bien vite dites donc… En partant avec un jour de retard sur moi, et alors que j’ai tracé comme un fou (500 bornes en moins de 4 jours) les voilà qui débarquent avec seulement 3 jours de retard sur moi. Malheureusement, on n’a pas trop le temps de parler car elles cherchent un hôtel et ne veulent pas de celui-ci, et moi je dois partir vers l’aéroport. On se souhaite donc bonne chance et on se croisera sûrement sur Singapour (je leur donne le plan pour les billets pas chers).

 

Me voilà parti pour l’aéroport où, à peine arrivé, je commence à démonter mon vélo. Zane (le néo-zélandais) arrive peu après et me félicite sur la façon dont j’ai réussi à réduire ma randonneuse. Quand je vois comment lui (qui a certes l’habitude, mais tout de même) emballe son vélo, je me dis qu’en plus d’être sympa il est vraiment poli… Déjà que pas emballé, mon vélo ressemble à une poubelle, comparé au sien… Hé ben une fois emballé, la ressemblance tient toujours… Et dans le même sens… Au moment de l’enregistrement tout se passe bien et j’arrive à faire enregistrer 18 Kg de bagages sur le ticket d’un gars qui n’en a pas… Résultat, entre mon vélo de 22 Kg et mes bagages à main (2 sacs plus ma guitare) je m’en tire avec un surplus de 7 kilos et dois finalement payer pour 5… A peine une dizaine d’Euros. Ajoutés au prix du billet je me rends donc à Singapour depuis Calcutta avec mon vélo et 37 Kilos de bagages pour la modique somme de 100 Euro… Je crois que j’ai cartonné… Pas vous ? D’autant plus que le vol se passe sans encombre et qu’on ne s’écrase ni au décollage, ni à l’arrivée, ni en mer ni dans les montagnes et la fameuse jongle birmane… La classe quoi !

 

A 6 heures du mat, nous sommes à Singapour et remontons les vélos avant de nous rendre dans Singapour City à une trentaine de kilomètres de là. Zane connaît car il est déjà venu, mais ça ne l’empêche pas de nous paumer… Heureusement d’ailleurs, car nous passons finalement par une piste cyclable dans un parc le long de la mer et c’est génial. On sent une sérénité en total contraste avec la folie de l’Inde que l’on vient de quitter. Des gens font du jogging avec leur chien, d’autres se parcourent la santé, certains font du Tai Chi en groupe, d’autres sont tout simplement assis sur des bancs dans un cadre magnifique, propre et ensoleillé. Nous ne résistons pas et nous arrêtons lorsque nous tombons sur un groupe de gens bâtissant de magnifiques châteaux de sable sur la plage. Puis nous nous rendons à l’hôtel. 

Je commence alors à prospecter car je recherche une batterie pour mon lecteur MP3 (batterie morte et impossible à recharger alors que je viens de l’acquérir…) et un appareil photo numérique (rien que ça !). Je passe finalement 3 heures (oui, moi, trois heures dans des magasins !) à déambuler d’un stand à l’autre. Je me trouve dans Sim Lim Square : La Mecque de l’électronique sur Singapour. C’est là, paraît-il, qu’on trouve les meilleurs prix. Il s’agit d’un centre commercial de 6 étages avec environ une centaine de stands par étage… vous voyez le machin… Non ? C’est assez extraordinaire. Je reviendrai demain avec ma carte bleue…

 

Le soir, Zane et moi faisons un petit tour dans Little India. Eh oui ! Je quitte l’Inde pour me retrouver à Singapour à loger dans un hôtel au bord de Little India… En voilà une ironie du sort. Ceci dit Little India me plaît beaucoup plus que la vraie « India »… En début d’après-midi, il m’a emmené dans un magasin de vélos où j’ai acheté tout le nécessaire pour refaire une peau neuve à ma machine… Je suis heureux… Pas autant que mon vélo mais tout de même… Avant de rentrer à l’hôtel, je croise un anglais habitant ici et qui me confirme que je peux gratter dans la rue sans grands risques de me choper une amende de la part de la police, même si, en théorie, je devrais me procurer un permis pour cela.

 

Les jours suivants, je visite un peu, je grattouille dans la rue (environ 30 Euros par-ci, par-là, en une heure environ), je trouve la fameuse batterie et l’installe non sans peine. Puis je m’achète mon cadeau de noël et anniversaire pour les 5 ans à venir… Un appareil reflex numérique Minolta. Je réalise bien sûr de substantielles économies en comparaison du même achat en France, mais tout de même, cela représente un sacré trou dans mon budget. Il va falloir que je gratte un bon paquet d’heures dans les rues de Singapour si je veux me le rembourser ! Enfin, je suis particulièrement satisfait de mon achat car ça faisait un moment que ça me trottait dans la tête… Notamment à chaque fois que je voyais un touriste en sortir un… Bref, maintenant je vais faire de jolies photos… Enfin, j’espère.

 

Je rencontre aussi deux suédoises sympas ainsi qu’un canadien avec qui nous visitons la ville et prenons des photos de Mankunpat devant la plus grande fontaine du monde (c’est ce qu’ils disent…). Et puis les chicas débarquent à l’hôtel après que je leur aie donné l’adresse (elles ont pris le vol Calcutta – Singapour deux jours après moi). Nous passons leur première soirée ici ensemble mais je ne les verrai que très peu le jour suivant. Et puis, le lendemain, après 4 jours dans cette fort sympathique ville de Singapour, je reprends la route en direction de la Malaisie. 

Je dois dire que ces quatre jours sur Singapour m’ont fait un bien fou. En d’autres circonstances, je n’aurais sûrement pas vraiment autant apprécié le côté aseptisé de cette ville ultramoderne, son aspect Disneyland où tout est propre, bien entretenu, tout le monde est gentil et souriant, mais bon… Là, après 5 semaines au Pakistan et 2 mois et demi en Inde… J’avoue que ça m’a bien plu.

 

Me voilà donc parti, ce 2 décembre, en direction d’un nouveau pays : la Malaisie. En une bonne heure et demie de vent contre, je parcours les 30 kilomètres qui me séparent de la frontière : un pont sur la mer, et je suis en Malaisie. Je mange un bout et apprécie d’entrée l’accueil des Malaisiens, souriants et hospitaliers. Je suis un peu pressé car je voudrais être sur Kuala Lumpur dans 3 jours… C’est sensé n’être qu’à 250 kilomètres mais en fait il y en a 400. Je m’enchaîne donc 3 étapes de 125, 145 et 140 kilomètres durant trois jours. J’affronte le vent et un peu la pluie, je dors dans les mosquées (l’hospitalité est l’un des piliers de l’Islam). D’ailleurs, après ma première nuit sous le porche d’une mosquée à Ayer Hitam, l’imam vient m’apporter le petit déjeuner au sac de couchage ! La classe, non ?

Je tape le foot avec des mômes et profite des paysages qui changent carrément de l’Inde avec une omniprésence des palmiers et un peu de relief à l’horizon. Il faut aussi dire qu’ici, les gens ne conduisent pas comme des assassins en manque d’hémoglobine sur le pare-choc, mais comme des gens à peu près normaux.

Le croirez-vous : ils ne me klaxonnent jamais, ralentissent s’ils ne peuvent me doubler, ne doublent pas s’ils me voient arriver en face et, même, s’arrêtent aux feux rouges ! Bon, pour ce dernier exemple je suis mauvaise langue car en Inde ils s’arrêtent aussi aux feux rouges… Enfin quand il y en a… Et quand il y a de l’électricité dans le feu… Bref, la Malaisie, c’est bien tranquille. 

J’arrive de nuit à Kuala Lumpur et je m’énerve un peu devant l’inamicalité[i] des infrastructures routières et surtout autoroutières de la capitale Malaisienne envers les bicyclettes et leurs usagers. En effet, pour rentrer dans KL il n’y a pas de routes ou rues normales mais QUE des autoroutes ! Vous ne le croyez pas, eh bien moi non plus, jusqu’à ce que j’achète une carte de KL et me rende à l’évidence… Or, les autoroutes, ici (on n’est plus dans le tiers-monde !), c’est interdit pour les vélos… Résultat, je suis carrément devant une impasse. Tant pis, je m’engage donc sur l’autoroute à 23H30 et arrive finalement à pénétrer dans la ville et même à trouver l’hôtel repéré dans le guide et m’y installer aux alentours de 1H du matin. Mission accomplie : Je suis à KL le 4 décembre au soir.

 

Après une bonne nuit de repos, j’entreprends la visite de la ville et termine la journée dans la tour de la radio, l’une des plus hautes du monde (plus de 300 mètres de haut), d’où je peux prendre de nombreuses photos panoramiques de la ville au coucher du soleil. Je mitraille notamment les deux tours Petronas qui furent, avec 452 m et 88 étages, les plus hautes du monde avant que ne soit construite la tour Taipei 101 à Taiwan (508m).

 

Le lendemain, je me décide un peu tardivement à quitter KL. Entre les photos de Mankunpat au pied des tours Petronas et une crevaison irréparable (ou presque !), je ne quitte la ville qu’à la tombée de la nuit, vers les 17, 18H, sous une petite bruine.

 

[i]  Inamicalité : Substantif d’inamical.

Je décide tout de même de poursuivre et d’essayer d’atteindre Kampong Kuantan car ce sera ma seule opportunité de voir des lucioles par milliers. En effet, cette région très humide est un endroit privilégié pour admirer les bestioles nocturnophotoniques[i] ! Ceci constitue donc ma première étape (quasi) totalement nocturne (je te rassure maman, j’avais mes lumières aussi, comme les lucioles…). Finalement, après 78 Kms, j’arrive à destination. Un bonhomme présent sur le site m’emmène dans une petite embarcation sur la rivière et je me retrouve à deux pas… Euh… Deux brasses de l’autre rive, plus ou moins le nez face aux arbres et arbustes surplombant l’eau et dans lesquels se trouvent des milliers de lucioles qui, vous vous en doutez, luciolent[ii] de tous feux ! C’est extraordinaire. J’en reste bouche bée (en faisant gaffe quand même… Il ne s’agirait pas que j’en avale une…). Malheureusement, le manque de lumière (paradoxal mon cher Watson !) et le courant qui nous remue plus ou moins tout le temps dans la barque, m’empêchent de vraiment immortaliser numériquement cet instant pourtant magique ! Tant pis…

 

Je dors sur le site, sous un abri de bois lui même sous une pluie quand même vachement humide.

 

[i]                        Nocturnophotoniques : Qui émet de la lumière la nuit.

[ii]              Luciolent : Verbe lucioler (émettre de la lumière si l’on est une luciole) à la troisième personne du pluriel du présent de l’indicatif.

Et, le lendemain (le 7 décembre donc), je repars pour une bonne et longue étape toujours faite de palmiers, de soleil et de gens qui me sourient et me saluent depuis le bord de la route. Le soir, je n’arrive pas à trouver où dormir tout de suite et je continue donc assez tard. Finalement, passé minuit, après 132 Kms, je m’arrête dans un bar de routiers et obtiens de dormir à l’abri, dans mon hamac et parmi les moustiques… Vive l’anti-moustique !

Le lendemain matin, je termine de sympathiser avec le proprio du machin avant de repartir pour les 50 et quelques kilomètres qui me séparent de Lumut, la ville où je dois prendre le bateau pour la première île Malaisienne de ma vie ! J’y arrive en début d’après-midi, mets le vélo sur un bateau faisant la liaison avec l’île et me retrouve sur Pulau (île) Pangkor vers les 14H. Une fois sur Pangkor, je parcours les 8 kilomètres qui me séparent de l’autre côté de l’île et je me retrouve à grimper des pentes hyper-raides, genre du jamais vu (pour moi, je veux dire…).

 

J’arrive au village choisi vers les 15H en ce 8 décembre 2005, jour de mon anniversaire… Je fête ainsi dignement mes 31 balais en me baignant dans l’eau claire et tiède d’une jolie plage sur une île tropicale… Mon séjour sur Pangkor ne sera pas très long : 2 jours. Je me repose un peu, profite de la plage et du temps que j’ai pour réparer Mankunpat et lui fabriquer une jambe de bois toute neuve… La peluche est contente et me remercie de son regard malin…

Le 10 vers midi, je reprends le bateau pour Lumut et entreprends à nouveau ma lente (mais sûre) remontée de la péninsule malaise, en direction du nord et de la Thaïlande.

 

Il me faut deux étapes sans histoires avec encore une nuitée dans une mosquée,

pour atteindre la seconde île de mon parcours : Pulau Penang. Le bac arrive à Georgetown où je trouve rapidement un hôtel avant de sortir un peu le soir pour voir ce qu’il s’y passe.

Mais, comme dirait l'autre : « Si j'avais su, j'aurais pas sortu ». En effet, je visite un temple chinois sensé être porte-bonheur et j'y prends des photos de Mankunpat avant de retourner vers mon hôtel. Ce faisant, j'omets d'attacher la ceinture de sécurité de ma bestiole à poils synthétiques et le regrette instantanément... Quand j'arrive devant ma résidence temporaire, je m'aperçois avec stupeur que l'animal en peluche n'est plus dans son fauteuil (les restes de la demi-chambre à air d'une roue de rickshaw indien suspendue à mon guidon...). Je retourne vers le temple, à seulement 500 mètres de là, en quatrième vitesse, en vérifiant sur le chemin. En vain ! Impossible de remettre la main sur ma mascotte. Un bonhomme croisé dans le temple me dit qu'il a vu un gars avec le bestiau dans ses bras mais il a cru que je le lui avais donné... Bref, le résultat est tout simplement une catastrophe à peine moins terrible que le tremblement de terre d'il y a deux mois dans le nord du Pakistan : J'ai perdu Mankunpat ! Non seulement ça m'attriste profondément, mais en plus, les suisses vont m'en vouloir et ils auront bien raison... Sans compter qu’ils vont sûrement se moquer de moi, ce qui est, à proprement parler, totalement INSUPPORTABLE ! Il apparaît que je suis vraiment destiné à voyager seul... Tant pis... J'espère au moins que le gars en question le traitera bien...

Bon, sinon, pour ce qui est de Penang en soirée ce n’est pas la vie nocturne de Liverpool (la meilleure du Royaume, je vous le rappelle !), mais ça bouge pas mal quand même. Je rentre tard à l’hôtel mais ça ne m’empêche pas de me lever assez tôt le lendemain matin pour démarrer mon tour de l’île à vélo. Il ne fait pas très très beau mais, au fur et à mesure que la journée avance, ça s'éclaircit. En début d'après-midi, je suis à 25 bornes de Georgetown, au nord de l'île, et visite la ferme aux papillons. C'est un endroit qui ne ressemble pas à la Louisiane (à part l'humidité peut-être... ;-), mais qui me scotche grave. Il s'agit en fait d'une immense volière pleine de papillons (plus de 50 espèces sur le site si je me rappelle bien), où l'on peut aussi admirer des scorpions, des poissons, des plantes carnivores, des phasmes (EXTRAORDINAIRES !), des canards (très joli plumage !) et même une espèce de gros lézard de flotte d'environ un bon mètre de long. Ce dernier me rassure sur les animaux rampants dans les ruisseaux que j'ai plusieurs fois entraperçus le long de la route et que je prenais pour des crocodiles (il faut dire que la ressemblance est frappante...). Bref, je passe un excellent moment... 

Puis je repars vers Georgetown en traversant l'île d'ouest en est, grimpant même un petit col sympa et redescendant de l'autre côté à toute berzingue ! Non seulement maintenant il fait beau, mais en plus, le paysage est joli. Une fois sur la côte est, je me rends au temple des serpents qui se trouve sur mon chemin. Là aussi, j'hallucine. On peut y voir, et même les toucher puisqu'elles sont en liberté, des vipères vertes assez venimeuses mais pas trop... Il s'agit d'un temple bouddhiste investi par des serpents depuis sa construction et qui, au fil du temps, est devenu une sorte d'attraction touristique autant pour les malaisiens que pour les étrangers.

Je rentre sur Georgetown à la tombée de la nuit, après une bonne journée de visites et vélo (à croire que je commence à aimer ça la bicyclette...).

Le jour suivant, au petit matin, je prends un bateau pour Langkawi, ma dernière île de Malaisie avant la Thaïlande. Sur le bateau, je tchatche avec une chinoise marrante (rapport à son accent en anglais...) et arrive sur Langkawi vers midi. Le temps d'un repas et d'une crevaison, et je suis dans un village sur la côte ouest.

C’est une petite station balnéaire toute tranquille bien qu'un peu touristique, en bord de plage. Je m'installe dans le dortoir d'une Guesthouse peu chère où un français prépare un barbecue pour le soir même. Je termine évidemment par grattouiller pour les gens du barbeuk et me fait ainsi inviter à manger par le sympathique gars en question.

 

Le lendemain, je visite un peu la côte ouest de l'île mais le temps n'est pas vraiment au rendez-vous et la plage paradisiaque de la carte postale ne se trouve pas à l'endroit indiqué... Ou alors la photo a été prise à une autre époque géologique... Ou alors le photographe est tellement fort sur Photoshop qu'il peut direct postuler pour réaliser les effets spéciaux de Star Wars VII, VIII et IX... En gros, j'ai grimpé toutes ces côtes pour rien... J'ai déjà bien lutté pour arriver à Teluk Nipah hier et voilà qu'aujourd'hui je me retape les innombrables montées-descentes de la route côtière pour aller voir une plage qu’a rien à voir avec la pub... M'enfin... Et puis je crève... Et puis il pleut... Heureusement que les buffles sont là et ont des cornes magnifiques, sinon je serais même rentré bredouille de photos ! 

Le lendemain, c'est sous une pluie de plus en plus lourde que je regagne le port de Langkawi, à une vingtaine de kilomètres de là, pour embarquer vers la Thaïlande. J'arrive juste à temps pour le bateau mais je suis tout trempé. En plus, la clim ne me réchauffe pas spécialement. Quoiqu'il en soit, j'entre en Thaïlande ce 15 janvier et j'en suis bien content. Il me faut néanmoins encore pédaler 10 bons kilomètres sous une pluie battante pour rejoindre la ville de Satun depuis le débarcadère. Ainsi, c'est un Lionel tout dégoulinant qui prend possession de sa chambre dans un petit hôtel du centre.

 

 

Le lendemain, c'est sous une pluie de plus en plus lourde que je regagne le port de Langkawi, à une vingtaine de kilomètres de là, pour embarquer vers la Thaïlande. J'arrive juste à temps pour le bateau mais je suis tout trempé. En plus, la clim ne me réchauffe pas spécialement. Quoiqu'il en soit, j'entre en Thaïlande ce 15 janvier et j'en suis bien content. Il me faut néanmoins encore pédaler 10 bons kilomètres sous une pluie battante pour rejoindre la ville de Satun depuis le débarcadère. Ainsi, c'est un Lionel tout dégoulinant qui prend possession de sa chambre dans un petit hôtel du centre.

 

Satun n'est pas ce qu'on appelle une ville touristique et c'est ce qui la rend agréable à mes yeux. Les gens, mes premiers thaïlandais, sont très gentils et souriants. Le soir, j'assiste à la jolie victoire de Liverpool contre Saprissa en demi finale du championnat du monde des clubs car c'est retransmis à la télé sur une des chaînes nationales... Il faut savoir qu'en plus d'être gentils et souriants, les thaïlandais sont des gens de bon goût. En effet, ils aiment le foot anglais et notamment Liverpool. Ceci dit, ils sont aussi, et en trop grand nombre, fans du coté obscur de la Premier League anglaise : Manchester United. Quoiqu'il en soit, en signe de détente par rapport à mes attitudes récentes envers les locaux (je parle de quand j'étais en Inde !!!), je choisis de ne pas ignorer les gens arborant un maillot de Manchester, et même, de leur répondre s'ils me parlent ou me sourient (ce qui arrive tout de même très souvent...).

 

Le jour suivant, je prends la route en direction de Trang. Il pleut un peu plus que bergère, mais j’ai prévu le coup ! Des sacs poubelles recouvrent mes sacs et ma guitare alors qu’un poncho de plastique léger me recouvre moi. Bien sûr je suis trempé par ma propre sueur au bout de quelques minutes, mais au moins on reste entre nous, ma sueur et moi… Et puis, les dégâts sur mes affaires devraient être minimes. A part la pluie et le vent, la journée se passe bien. Vers la tombée du jour, un gars en Pick-up s’arrête devant moi et me fait signe d’en faire autant car il semble vouloir m’emmener avec son auto. Je lui dis que non, que je veux me rendre à Trang en vélo, mais il m’explique que je ne pourrai pas passer avec ma bicyclette car il y a de grosses inondations un peu plus loin. Je doute un peu car je pense qu’il me dit cela pour que j’accepte de monter dans sa voiture. Mais, le vent et la pluie battante aidant, je finis par accepter sa proposition et me voici dans son engin avec le vélo derrière. Et en effet, quelques dix kilomètres plus tard, nous traversons une ville dont le centre est sous 80 centimètres de flotte. Je n’aurais clairement pas pu passer avec ma randonneuse, mais avec le pick-up 4X4 c’est un jeu d’enfant pour mon chauffeur d’un soir. Encore 10 autres kilomètres et nous sommes chez mon bienfaiteur à Trang. Non seulement il m’invite à dormir chez lui, mais insiste également pour le repas et les boissons. Il me présente sa femme et son fils et je passe une bonne soirée en leur compagnie avant de m’effondrer de fatigue (vent contre + pluie = gros dodo !). 

Le lendemain matin, je repars rapidement de ma famille d’un soir en les remerciant comme il se doit. Le temps est toujours menaçant mais semble aller en s’éclaircissant. Je veux être sur Krabi ce soir et cela signifie que je dois parcourir entre 130 et 140 Kms aujourd’hui. Ça roule bien malgré le vent de face et j’arrive sur Krabi vers 18H.

Je comptais prendre un bateau le lendemain pour Ko Phi Phi mais le temps étant maussade je me décide de rester un jour plein sur Krabi et d’en profiter pour visiter un peu ce coin supposé magnifique. Mais bon, vous savez ce que c’est ! Un coin magnifique sur les prospectus n’est plus qu’une plage plus ou moins ordinaire sous la réalité d’un ciel grisâtre... Je visite un peu la région avec mon vélo, mais ce que je trouve n’est pas à la hauteur de mes espérances. Tant pis... Ce sera mieux sur Phi Phi demain. Le soir, dans Krabi, je trouve un pub irlandais où j’assiste à la triste (et objectivement non méritée) défaite de Liverpool en finale du machin du monde des clubs, 1 à 0 contre Sao Paolo.

Le lendemain est effectivement mieux ! Déjà, le soleil est au rendez-vous. J’ai donc bien fait d’attendre un jour pour prendre le bateau. Après une bonne heure et demie sur la mer, sous le soleil thaïlandais, me voici sur Ko Phi Phi. Pour ceux qui ne savent pas (bon, pour ceux qui savent aussi d’ailleurs !) c’est à Ko Phi Phi que fut tourné le film La Plage avec Leonardoooooooouuuuhhhhh. C’est ma nièce qui ne va pas en revenir… Bon, rien que l’approche depuis le bateau me fait halluciner et réaliser que je me trouve dans un endroit proche du paradis, mais en juste un peu plus joli ! Je me trouve un logement (euh… Je plante ma tente parmi des bungalows pour pas cher). J’entreprends alors une première exploration de l’île. Je grimpe sur une colline qui donne accès au fameux point de vue de LA carte postale de Ko Phi Phi, celle où l’on voit la frange de sable et palmier entre les deux baies bleu turquoise. Malheureusement, la brume de l’après-midi est aussi au rendez-vous et MES photos n’auront rien à voir avec LA carte postale... Tant pis.

 

En redescendant, je sympathise avec un français qui tient un petit bar sympa juste au pied de la colline et il me recrute pour venir gratter et chanter dans son bar le soir même. Je profite alors de mon après-midi pour hamaquer[i] et grattouiller sur LA PLAGE. Le soir, je me retrouve dans le bar sans nom avec quelques français de passage (ou pas) à ressortir les vieux Renaud, Brassens et Téléphone (entre autres...), et passer une excellente soirée.

 

Que je vous raconte tout de même une petite anecdote à propos de cette soirée. A un moment donné, l’un des gars de la table où nous nous trouvions sursaute en poussant un cri strident. C’est que sur sa jambe se baladait une scolopendre. «Mais qu’est-ce qu’une scolopendre ?», me direz vous. Bon, alors je n’ai pas vérifié depuis, mais, d’après les gens de la tablée, c’est une bestiole que quand elle pique ça fait mal comme une décharge de 2000 volts (je ne sais pas d’où ils ont sorti ça mais bon...) et que pour les nouveaux nés et les vieux (personnes âgées... Je sais...) ça peut carrément être mortel. Bref, ça fait mal. En gros, il s’agit d’une espèce de gros mille pattes qu’a pas mille pattes (comme la plupart des mille pattes d’ailleurs, mais bon, ici c’est la Thaïlande, Le pays de la contrefaçon, alors ça se comprend et même ça s’excuse un peu plus qu’ailleurs...), très douloureux de sa piqûre... Bref, le machin va terminer sa virée nocturne dans une bouteille de rhum que le proprio du bar servira d’ici quelques temps à ses meilleurs clients...

 

Mais bon, l’histoire ne s’arrête pas tout à fait là… En effet, en rentrant chez moi (enfin, dans ma tente), je me souviens que j’ai déjà vu cette bestiole là quelque part… Oui, c’est ça… Le matin suivant mon entrée en Malaisie, après la nuit sous le porche de la mosquée d’Ayer Hitam, en enfilant mes chaussures j’avais senti un truc bouger et avait fini par expulser de ma chaussure droite une espèce de gros mille pattes qu’avait pas mille pattes (et là on était en Malaisie, qui n’est pas LE pays de la contrefaçon, alors je n’étais pas très content sur le moment que mon premier mille patte du pays n’ait pas vraiment mille pattes...). Maintenant, je réalise qu’il aurait pu me piquer au pied (qui est un endroit que c’est vraiment pas cool de s’y faire piquer...) et que j’aurais eu bien bien mal... J’ai eu de la chance.

D’ailleurs, en ce moment, on peut dire que j’en ai pas mal... De la chance... Cet après-midi, en redescendant du point de vue, je me baisse pour caresser un chien. En me relevant, je suis à environ trois centimètres de me faire exploser la tête par un sac de sable d’une vingtaine de kilos en train de descendre à toute berzingue le long d’un câble parallèle à la pente et qu’utilisent les ouvriers du coin pour justement transporter les charges un peu lourdes un peu plus facilement...  Je ne sais pas si j’ai moi même eu un réflexe dudekien[ii] (du nom de Dudek, le gardien de Liverpool qui, d’un réflexe hallucinant, écarta brillamment sur sa ligne un tir de Shevchenko décoché à environ un mètre lors de la finale de la dernière Ligue des Champions...), ou si je n’étais en fait pas sur la trajectoire du machin en question. Toujours est-il que le français du bar, que je venais à peine de rencontrer, m’a dit que j’avais eu un bol hallucinant... Ce qui confirme ce que je disais plus haut rapport à la chance et moi en ce moment... CQFD !

 

[i]               Hamaquer : Faire du hamac.

[ii]              Dudekien : Adjectif obligatoirement associé au mot réflexe en rapport avec la finale de la Ligue des Champions 2005.

Bref, malgré l’insistance de mes concitoyens pour que je reste une soirée de plus et réitère mon animation musicale, et malgré leurs menaces de faire disparaître mon vélo pour que je reste bloqué sur Ko Phi Phi quelques jours avec eux, je décide de repartir le lendemain vers midi et prendre une navette pour Phuket où je me retrouve après deux heures de bateau-sieste.

 

J’arrête ici ce mail Co. car je suis trop en retard et je tiens à vous l’envoyer ces jours-ci... Je rattraperai Chronos un peu plus tard... Là, je suis à Bangkok d’où je repars demain en direction du Cambodge et tout va toujours très bien pour moi... Les détails dans le prochain mail Co. A+ et portez vous bien !

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